Le vrai visage des durées de vol : un mythe entretenu par les compagnies aériennes
Aujourd’hui, il est courant de constater qu’un vol dure plus longtemps qu’il y a 30 ans, alors que les avions sont plus rapides. Une hôtesse de l’air explique ce paradoxe, qui cache en réalité une stratégie marketing des compagnies aériennes.
Une illusion d’arrivée à l’heure
Il n’est pas rare d’entendre un pilote annoncer que l’avion est « arrivé avec 20 minutes d’avance » alors qu il a décollé avec du retard. Sur les écrans, le temps de trajet indiqué lors de la réservation ou du décollage est souvent inférieur à la durée réelle du vol. Pourtant, les passagers ont l’impression d’être arrivés à l’heure ou même en avance.
Ce phénomène n’est pas dû à une magie, mais à des stratégies bien rodées. Selon une spécialiste du secteur aérien, Karine de Falchi, connue notamment sur TikTok et Instagram, les compagnies utilisent des techniques pour faire croire à leur ponctualité.
Le « schedule padding » ou « remplissage horaire »
Ce qu’on appelle le « schedule padding » consiste à allonger artificiellement la durée prévue d’un vol. Par exemple, si un avion a été retardé de 15 minutes au décollage, la compagnie peut prévoir une marge supplémentaire qui lui permet de « rattraper » ce retard en vol. Ainsi, l’arrivée semble toujours à l’heure, même si l’avion a voyagé plus vite ou plus lentement.
De cette façon, même si l’avion part à l’heure, il peut « arriver en avance » ou « avec du retard » en fonction de la marge prévue. Selon Karine de Falchi, cela permet aux compagnies d’afficher une ponctualité impressionnante, par exemple 98 %, dans leurs publicités.
Une stratégie employée par tous, même les plus grands
Concrètement, un avion n’arrive presque jamais vraiment à l’heure. La majorité des compagnies aériennes, y compris des géants comme British Airways ou Delta, utilisent cette technique. Certaines destinations, même courtes, ont des horaires plus longs qu’il y a 30 ans, alors que la vitesse des avions a augmenté.
Selon l’hôtesse, cette pratique est devenue une stratégie mondiale. Elle permet aussi aux compagnies d’éviter de payer des compensations en cas de retard. En insérant une marge dans leur planning, elles réduisent le nombre et la durée des retards effectifs, ce qui limite leurs coûts et améliore leur image.





