À partir de ce 2 avril, les Français voyageant au Royaume-Uni devront s’acquitter d’une taxe à hauteur de 12 euros par personne. Si la somme reste modique, le principe déplaît, alors que la capitale est déjà l’une des villes les plus chères du monde.
Qu’il semble loin, le temps où l’on pouvait filer à Londres sur un coup de tête – voire s’y installer, sans que rien ne vienne compliquer ce projet ! À l’ère post-Brexit, les choses ont quelque peu perdu de leur éclat. À partir du 2 avril, il faudra s’acquitter de l’ETA (Electronic Travel Authorisation), fixée à 10 livres par personne, pour passer les frontières du Royaume-Uni. Forcément, la nouvelle n’emballe pas les voyageurs. « Payer dix livres pour une personne, ça va. Mais comme nous sommes quatre, ça va commencer à faire cher », partage ainsi Alexandra, mère de deux enfants avec lesquels elle se rend régulièrement à Londres, où vit sa sœur.
« On en aura pour 48 euros environ, ce qui n’est pas rien. On va devoir rogner sur le reste, les sorties, les restaurants… ». Cette chargée de communication juge par ailleurs que les autorités britanniques « auraient pu faire un tarif réduit pour les enfants ». Et déplore le fait que l’ETA soit rattachée au passeport, comme l’Esta américain, alors même que « les enfants doivent en changer tous les cinq ans ! ». « Quant à mon père de 82 ans, il a eu beaucoup de mal à se débrouiller avec l’application », ajoute-t-elle enfin.
À lire aussi Royaume-Uni : les demandes d’autorisation de voyage sont désormais ouvertes
Vols à la tire et gangs
Outre cette taxe inédite, Londres souffre d’une insécurité croissante, dûment documentée par la presse britannique et confirmée par les rapports de police. À tel point que le Telegraph s’inquiète d’une vraie baisse de popularité de la destination. De fait, le risque de se faire arracher son téléphone portable (ou son vélo) dans la capitale anglaise est bien réel, comme le site du ministère français des Affaires étrangères s’en fait écho.
C’est notamment le cas dans les artères les plus touristiques. Victoria, une Française de 41 ans vivant près de Kew Gardens, se rappelle ainsi avec émotion s’être fait arracher son iPhone à Shoreditch, le quartier branché d’East London. « J’étais en train d’écrire un texto, donc je n’ai pas vu l’homme qui est arrivé à vélo derrière moi, et qui m’a pris le téléphone des mains », raconte-t-elle. « Le temps que je comprenne ce qu’il s’était passé, il était déjà loin… » Son récit est identique à celui de Marina, la vingtaine, coiffeuse dans un salon haut de gamme de St Pancras. « Ça m’est arrivé deux fois déjà », ajoute la jeune femme, presque blasée.
Outre ce phénomène, celui des gangs armés de couteaux se livrant à des raids violents dans des magasins ou supermarchés n’est pas non plus du meilleur effet pour le tourisme.
À lire aussi «C’est ça, voyager, maintenant» : Heathrow fermé, les voyageurs coincés à Londres entre stress et résignation
Des hôtels toujours plus chers et pas d’AirBnb abordable
Londres est aussi aux prises avec une augmentation du coût de la vie, observée notamment dans les prix pratiqués par les restaurants. « Dans la City, le traiteur en bas de mon bureau a encore augmenté sa formule. Elle est passée à 9 livres en 2025, au lieu de 8 en 2024, et de 7 fin 2023. Comme j’y déjeune plusieurs fois par semaine, ça finit par faire une différence sur l’année », raconte ainsi Paul, 44 ans, qui vit à Londres depuis 2016. Les hôtels aussi ont augmenté depuis la pandémie, et continueront d’augmenter de 3,6% cette année, selon le rapport 2025 de l’Amex GBT Hotel Monitor. « Comparé à Paris, l’hôtel est plus cher à Londres », confirme ainsi Lucie, une Française de 31 ans qui revient justement d’un week-end outre-Manche en mars. « En plus, on n’y trouve pas d’Airbnb abordable, sauf si l’on s’éloigne vraiment du centre, contrairement à Paris où on peut trouver de bonnes offres dans des quartiers cool », conclut la trentenaire.
Le Brexit n’a pas non plus donné un signal des plus positifs aux touristes et autres expatriés. « On s’est senti moins accueillis, forcément. Même si dans la pratique, les Londoniens n’ont pas changé de comportement envers nous », estime Paul, qui précise que certains de ses collègues de bureau « se sont montrés ouvertement désolés » que la mesure soit passée. Enfin, selon le Telegraph, la pluie (trop) fréquente serait un caillou de plus dans la botte de la capitale britannique.
Source : Le Figaro